Pourquoi ?
Psychanalyse moderne ou exhibitionnisme post-moderne ? Nous ne trancherons pas le débat autour des motivations blogueuses. Contentons-nous d'une rapide présentation de nos enjeux : nous sommes deux parisiens qui rêvons depuis longtemps de vivre dans un autre pays, nous étouffons, et pas seulement à cause de la pollution ou des aisselles peu habituées aux déodorants dans le métro bondé aux heures de pointe. Il y a dans notre société un je-ne-sais-quoi déjà presque-trop d'hypocrisie et de non-dits qui en amèneraient d'autres à consulter. Nous avons pleins de choses à apprendre, mais le jeunisme ambiant nous fait apparaître comme des attardés mentaux à moins de quarante ans et nous promet la retraite anticipée comme unique forme d'épanouissement quand nous n'arriverons plus à cacher les traces des lifting auxquels des regards en coin nous aurons contraints. Il paraît qu'ailleurs on ne commencera pas par regarder notre pedigree universitaire avant de nous considérer comme des êtres humains, mais que nous n'aurons plus cinq semaines de congés-payés ni de médecin référent. Puisque le paradis n'est pas de ce monde, autant choisir son purgatoire où l'on trouvera des traces d'humanité plus abordables, et parfois même ce qui peut ressembler au bonheur, pour peu qu'on le désire et que l'on s'en donne les moyens.

Nous avons rêvé des États-Unis, mais l'Oncle Sam n'est plus très accueillant, et même si l'un de nous réussit à trouver une bonne raison pour rester, l'autre pourra rencontrer de sérieux problèmes de visas, puisque la normalité n'autorise pas toujours deux personnes à vouloir refaire la conquête de l'ouest ensemble. Mais un peu plus au nord existe un pays beaucoup plus accueillant, au moins en théorie, où il fait bon vivre quand on supporte les hivers froids et les étés à moustique. Et, cerise sur le gâteau, ou plutôt sur le sundae, comme on dit là-bas, on y parle français. Pour le reste, on est en Amérique, tout est à réapprendre, mais pas toute la langue.

Nous avons décidé que cette fois-ci était la bonne, et qu'il faut aller de l'avant avant d'être contraint à regretter d'avoir tergiversé jusqu'aux bornes du si-j'avais-su-je-l'aurais-fait. Les premiers amis mis au courant en profitent pour étaler leur regret de ne pas ou plus pouvoir être à notre place, déjà prêts à squatter votre cabane au Canada en nous laissant préparer le feu avant leur arrivée. La famille se résigne, partagée entre les regrets de moins vous voir et la fierté de vous voir prendre votre vie en main si volontairement.

Beaucoup choisissent d'écrire leur histoire après avoir traversé l'Atlantique. Nous avons préféré commencer alors que les démarches officielles ne sont pas encore entamées, mais qu'il faut bien déjà penser à tant de choses. C'est une occasion pour nous de mieux comprendre et expliquer nos ambitions et nos états d'âme, puisqu'on ne peut pas choisir impunément de quitter un certain confort matériel et intellectuel. Cette histoire s'écrira au jour le jour, au gré des aventures du bicéphale Simeric... Nul ne saurait prévoir la durée de l'histoire, mais nous pouvons dire que nous ferons tout pour la faire durer.

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